La théorie des mondes possibles vient d'Umberto Eco, elle s'inscrit dans sa théorie selon laquelle le lecteur participe activement au sens de l'oeuvre. On peut en trouver une explication assez complète ici : http://www.signosemio.com/eco/cooperation.asp
En très gros :
1) univers de référence : aucun texte n'existe ex nihilo, il s'inscrit toujours dans un cadre culturel, un univers de sens auquel il fait référence et dont il emprunte les symboles, les codes, les enjeux. Ex: Shakespeare est inspiré à la fois par le monde féodal et la renaissance italienne, son théâtre n'est pas pensable si l'on fait abstraction de cette contextualisation, car c'est à partir d'elle qu'il fait sens.
2) mondes possibles : mais le texte n'est jamais prisonnier de ce contexte, ne fut-ce que parce qu'il lui est impossible de le restituer dans son entièreté. Il comporte donc des blancs, et ces blancs permettent d'autres mondes possibles, qu'il appartient au lecteur de créer. C'est d'ailleurs ce qui fait que Shakespeare est encore lisible et interpellant aujourd'hui, car ces blancs peuvent être réinvestis par des enjeux qui font sens dans notre univers de référence. C'est un peu ce qu'on veut dire quand on parle de différentes lectures d'un même texte.
Pour Eco, les interprétations peuvent même être en nombe illimité (même si pas toutes sont heureuses). Il arrive même des situations où « [l]e lecteur, en identifiant des structures profondes, met en lumière quelque chose que l’auteur ne pouvait pas vouloir dire et que pourtant le texte semble exhiber avec une absolue clarté »
3) On peut étendre ça, selon Helbo (et si j'ai bien compris), à la relation d'adaptation : le théâtre possède ses codes propres qui ne sont jamais totalement figés, mais plutôt soumis à un "jeu" (comme quand on dit qu'il y a du jeu dans une mécanique). Comme le texte, il possède ses blancs, qui peuvent être réinvestis par le cinéma. Le système de signes du théâtre n'est pas clos, celui du cinéma non plus, et c'est ce qui permet la traduction intersémiotique.